Nous, commission Santé et bien-être du Conseil régional des jeunes de Bretagne, sommes partis des constats alarmants sur le peu d’initiatives entreprises et le peu de considération apportée à ce sujet tabou dans les politiques publiques actuelles.
500 : c’est le nombre moyen de cycles menstruels dans la vie d’une femme. Bien que les règles concernent la moitié de la population mondiale, elles continuent pourtant d’être très souvent traitées comme un enjeu exclusivement privé et intime. Ce phénomène naturel peut avoir un impact important sur la vie sociale au quotidien, notamment sur les apprentissages, lorsque celui-ci s’accompagne de douleurs incapacitantes.
Qu’est-ce que l’arrêt menstruel ?
C’est un arrêt de travail auquel peuvent prétendre les femmes qui présentent des douleurs incapacitantes voire pathologiques pendant leur période de menstruation.
Regardons de plus près les initiatives : en premier lieu, la législation française ne prévoit pas d’arrêt menstruel ou d’autres mesures qui pourraient s’y substituer. Toutefois certains députés de gauche (Parti socialiste et EELV) ont proposé au printemps 2023 un projet de loi qui prévoit l’instauration pour les salariées et agentes de la fonction publique, victimes d’endométriose ou de règles douloureuses, un arrêt menstruel de 13 jours par an, sans jour de carence et sous réserve de la présentation d’un certificat médical. Ils se sont notamment inspirés du cas l’Espagne où le Parlement espagnol a adopté une loi créant un congé menstruel en février 2023- une première en Europe ! A l’extérieur de l’Europe, d’autres pays ont déjà adopté cette mesure, à l’image de l’Indonésie, la Zambie, la Corée du sud ou encore Taïwan. En France, la mairie de Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis a également mis en place en mars 2023 l’arrêt menstruel qui propose aux salariées souffrant d’endométriose ou de règles incapacitantes la possibilité de poser jusqu’à deux jours de congé sous réserve de présentation d’un certificat médical.
Toutefois ces dispositifs ne sont mis en place que dans le monde travail et ne sont pas étendus à l’échelle des lycées ou collèges. En France seulement une université propose l’arrêt menstruel à ses étudiantes : l’université d’Angers, où ils ne demandent aucun certificat médical et demandent seulement à se déclarer dans un espace numérique dédié.
Pour mener à bien notre projet, il nous a semblé important de rencontrer et d’interroger les premières concernées, à savoir les lycéennes bretonnes. Dans un premier temps, nous sommes directement allés à leur rencontre par le biais de micro-trottoirs, les interrogeant sur les douleurs menstruelles. Pour étayer notre propos mais surtout face à l’absence de données chiffrées et de sondages – preuve une nouvelle fois du manque de considération de ce sujet pourtant sociétal – nous avons réalisé notre propre enquête au moyen d’un questionnaire destiné aux lycéennes .
Les résultats de cette enquête pointent du doigt l’étendue du manque de prise en charge de cette question dans les politiques publiques et éducatives. Dans cette optique, il est nécessaire d’entamer rapidement le processus de reconnaissance des douleurs menstruelles comme une absence justifiée mais aussi de mettre à disposition des lycéennes touchées un arrêt menstruel. Pour cela de multiples acteurs doivent porter collectivement cette cause : pouvoirs publics, rectorat, lycées … tous sont directement touchés par ce projet. Nous les incitons à prendre des décisions effectives pour le bien-être des lycéennes bretonnes car l’indisposition est source de charge mentale.
À ce titre, la commission Santé et Bien-être du CRJ demande dans un premier temps la reconnaissance – sans condition – des douleurs menstruelles comme une absence justifiée dans les lycées mais plus largement la mise en place du dispositif « Alerte rouge » dans les lycées bretons, c’est-à-dire l’accès à un arrêt menstruel. Ce dispositif se présenterait sous conditions : un certificat médical à fournir en début d’année et à renouveler tous les ans attestant de douleurs incapacitantes, un nombre limité à raison de 12 jours par an.